Lucius Domitius Aurelianus, quelques repères biographiques

- 5 septembre 214 : Naissance près de Sirmium en Pannonie Inférieure
- De simple soldat, il monte les marches de la hiérarchie militaire jusqu'à devenir tribun de légion et préfet d'une aile de cavalerie sous le règne de Valérien Ier
- Septembre 268 : est nommé commandant de la cavalerie par l'empereur Claude II le Gothique
- Octobre 270 : acclamé empereur par les légions stationnées à Sirmium
- Début 271 : rétablit l'ordre en Italie du nord envahie par les Juthunges
- Mi 271 : mate la rébellion des monétaires à Rome
- Fin 271 : défait les Goths en Thrace
- Eté 272 : reprend Palmyre en orient et met fin au pouvoir de la reine Zénobie
- Début 273 : met fin à une ultime révolte de Palmyre avant de gagner l'Egypte où il fait abattre les murailles d'Alexandrie
- Printemps 274 : réduit la sécession gauloise en remportant la bataille de Châlons face aux forces de Tétricus
- Mi 274 : célèbre son triomphe à Rome avant de mettre en place la réforme monétaire qui voit la création de l'aurelianus
- Septembre 275 : est assassiné à Cnaenophurium près de Byzance alors qu'il s'apprête à lancer une campagne militaire contre la Perse

lundi 26 décembre 2011

Une Victoire au caractère divin pour Aurélien



Description de la monnaie :
Antoninien en billon de 23 mm pour 3,5 grs, avers : IMP AVRELIANVS AVG, revers : VICTORIA AVG, atelier de Siscia (271-272), 5ème émission, 3ème officine (RIC 238)

A la fin de l'année 271 ap. JC, l'empereur Aurélien est en Thrace. Après avoir rétabli l'ordre sur le Danube en repoussant une énième attaque des Goths, il se prépare à entrer en campagne contre la reine Zénobie qui fait sécession avec Rome. Quelques mois plus tard, après un raid éclair à travers la Galatie et la Cilicie (Turquie actuelle), les légions romaines se rendent maîtresses de Palmyre. La reddition de la puissante cité du désert marque le ralliement de l'orient à Aurélien. La victoire de l'empereur est célébrée par l'atelier monétaire de Siscia qui fait figurer au dos de ses antoniniens la figure ailée de la divinité incarnant le succès des armes romaines. Néanmoins, elle prend, dans le cadre de la 5ème émission, un caractère original : elle n'est plus présentée de profil portant palme et lauriers mais de face tenant entre ses mains le stephané, diadème revêtu traditionnellement par les souverains orientaux. Restaurateur de la domination romaine, Aurélien, paré de ce succès militaire de prestige, peut désormais commencer à être élevé au rang du divin...

dimanche 6 novembre 2011

Quand Aurélien redonne vie au sesterce



Description de la monnaie :
Sesterce en bronze de 26 mm pour 8 grs, avers : IMP AVRELIANVS AVG, revers : CONCORDIA AVG, atelier de Rome (275), 11ème émission (RIC 80)

Monnaie emblématique de l'économie romaine, le sesterce connaît au cours du 3ème siècle un déclin progressif. L'Etat manque de ressources pour pouvoir poursuivre l'émission de cette espèce dont le poids théorique de 25 grs n'est plus guère respecté. Aussi voit-on les bronzes émis sous les Antonins continuer à circuler jusqu'à l'usure, pendant qu'un grand nombre d'entre eux sont refondus pour permettre la production de la monnaie fiduciaire, l'antoninien en billon. Devenues rares à partir du règne de Valérien Ier, les émissions de grands bronzes se poursuivent néanmoins, notamment en Gaule où l'usurpateur Postume tente de restaurer une certaine orthodoxie monétaire en favorisant la production du double-sesterce. Mais ces efforts sont vains. Le sesterce coûtant plus cher à la production que sa valeur d'échange, il est appelé à disparaître irrémédiablement. Cependant, dans le cadre de sa réforme monétaire de 274 ap. JC, Aurélien tente de lui redonner vie : des bronzes pesant à peine 10 grs sont produits dans l'atelier de Rome. Présentant au revers les figures de l'empereur et de son épouse Séverine, ce sesterce réduit proclame surtout la concorde régnant dans l'empire grâce au dieu Sol dont le buste vient également marquer le flan monétaire. Émis sous le patronage de la divinité solaire, le sesterce ne survivra cependant pas à la mort d'Aurélien quelques mois plus tard...

lundi 24 octobre 2011

Tripolis, un nouvel atelier monétaire pour le maître de l'Orient



Description de la monnaie :
Aurelianus en billon de 23 mm pour 4,4 grs, avers : IMP C AVRELIANVS AVG, revers : RESTITVT ORBIS, atelier de Tripolis (274), 3ème émission, 1ère officine (RIC 389)

De la dizaine d'ateliers monétaires ayant émis des espèces durant le règne d'Aurélien, Tripolis dans le Liban actuel est, avec Lyon, celui dont les productions sont les plus rares. Ayant ouvert ces portes durant le printemps 273 ap. JC, il présente au total cinq courtes émissions qui s'échelonnent jusqu'à la fin de l'année 274. La présence d'un atelier monétaire aussi excentré, situé aux marges orientales de l'empire, s'explique par la reprise de contrôle par Aurélien de cette région passée sous le contrôle des Palmyréniens de la reine Zénobie, mais aussi par la révolte de la ville d'Alexandrie en Egypte qui défie ouvertement l'autorité de l'empereur. Afin de préparer une expédition punitive contre les Égyptiens, Aurélien fait stationner ses troupes en Syrie et, en attendant de donner l'assaut, fait produire des espèces monétaires à Tripolis pour pourvoir à la solde des légionnaires. La révolte est bientôt écrasée dans le sang et l'empereur, en représailles, fait abattre les murailles d'Alexandrie. Au retour de cette expédition victorieuse, l'atelier de Tripolis émet une nouvelle fois des aureliani vantant les mérites de celui qui, par ses succès militaires, est devenu le restaurateur du monde et le chef incontesté d'un monde romain désormais unifié sous son unique tutelle.

dimanche 17 juillet 2011

Des légions unies pour la gloire de l'empereur

Description de la monnaie :
Antoninien en billon de 25mm pour 3,3grs, avers : IMP AVRELIANVS AVG, revers : CONCORDIA MILITVM, atelier de Siscia (272-274), 6ème émission, 1ère officine (RIC 216)

Présenté comme le restaurateur de la puissance romaine à l'époque où l'empire connaît une grave crise militaire, Aurélien présente le mérite d'avoir su faire l'unanimité autour de sa personne. Officier sorti du rang, devenu par sa bravoure l'un des principaux généraux de Gallien dernier empereur d'origine sénatoriale, il bénéficie auprès des soldats d'une aura qui font de lui une véritable icone. Comme ses légionnaires, Aurélien a vécu l’âpreté de la vie de camp et des combats. Membre à part entière de la caste militaire, il s'imprègne de sa dureté et conduit sa politique d'une main ferme. Cela lui vaut parfois quelques inimités, mais la fermeté de son caractère lui permet au final de réunir toutes les légions romaines sous son étendard. Au coeur du 3ème siècle qui a vu si souvent la soldatesque faire et défaire les empereurs, cela en fait le champion de la concorde et le chef incontesté d'une armée de nouveau victorieuse sur tous les fronts.

samedi 23 avril 2011

Aurélien et le culte de Sol Invictus

Description de la monnaie :
Antoninien en billon de 23 mm pour 3,3 grs, avers : IMP C AVRELIANVS AVG, revers : SOLI INVICTO, atelier de Siscia (274), 7ème émission, 3ème officine (RIC 257)

Le 3ème siècle est une époque de profonds bouleversements religieux. Face à l'émergence du christianisme, des empereurs tels Trajan Dèce ou Valérien ont mené une politique de répression visant à restaurer la primauté de la religion traditionnelle romaine. Mais leurs efforts se sont avérés vains. Politique habile, Aurélien comprend quant à lui l'intérêt de fonder un nouvel ordre moral basé sur la primauté d'un être suprême : Sol Invictus. En effet, la figure du soleil offre l'avantage d'incarner à la fois le lien avec le panthéon romain (personnification d'Apollon) et les croyances d'inspiration orientale tel le culte de Mithra très en vogue dans les milieux militaires. Souhaitant faire l'union religieuse du peuple romain, Aurélien place l'empire sous la protection de la divinité solaire, dont la lumière est source de vie pour le monde. Au retour de ses campagnes triomphales à Palmyre, il fait construire à Rome sur le champ de Mars un temple dédié à Sol Invictus et institue la date du 25 décembre comme celle de la naissance du dieu suprême. Dorénavant, cette figure tutélaire devient la plus abondamment représentée sur les monnaies.

lundi 14 mars 2011

Une monnaie d'un atelier indéterminé

Description de la monnaie :
Antoninien en billon de 22 mm pour 3,8 grs, avers : IMP AVRELIANVS AVG, revers : IOVI CONSER, atelier indéterminé des Balkans (272-273), 2ème émission, 2ème officine (RIC 394)

De tous les ateliers qui ont frappé monnaie durant le règne d'Aurélien, il en est un qui demeure une énigme au regard des numismates. La marque d'officine en langue grecque, s'accompagnant parfois de la présence d'un dauphin à l'exergue, a longtemps poussé les chercheurs à conclure à la nature maritime de cet atelier. Beaucoup y vont vu la manifestation des premières productions monétaires de la cité de Byzance. Cependant, les découvertes récentes réalisées par Sylviane Estiot laissent à penser que cet hypothétique atelier devait plus sûrement être située entre Siscia et Serdica, autres grands centres de productions monétaires. Des similitudes de style sont en effet décelables, bien que le portrait de l'empereur arbore une forme de visage et du nez en particulier assez caractéristiques. De plus, cela correspondrait logiquement au schéma de déplacement des légions d'Aurélien occupées à cette époque à lutter contre les Carpes sur le bas-Danube après avoir réalisé la soumission de Palmyre. Néanmoins, sans découvertes archéologiques venant étayer cette hypothèse, il sera difficile de résoudre cette énigme qui interroge encore les spécialistes les plus avertis.

dimanche 13 février 2011

Aurélien, soldat courageux et athlète accompli

Description de la monnaie :
Antoninien en billon de 23 mm pour 3,3 grs, avers : IMP AVRELIANVS AVG, revers : VIRTVS AVG, atelier de Milan (271), 2ème émission, 3ème officine (RIC 149)

"Mille, mille, mille, un seul en a tué mille", tel est le refrain entonné régulièrement par les soldats des légions illyriennes visant à chanter les louanges d'Aurélien et son courage face à l'ennemi. Militaire de carrière ayant gravi tous les échelons de la hiérarchie, le futur empereur se voit confier d'importants commandements dès le règne de Valérien Ier. Theoclius, auteur d'annales impériales rapportées plus tard dans l'Histoire Auguste, raconte qu'un jour à la tête d'un modeste détachement de 300 hommes Aurélien repousse et disperse une tentative d'invasion des Sarmates. A cette occasion, il se serait jeté à corps perdu dans la bataille et aurait tué 48 adversaires à lui seul. Il apparaît difficile d'affirmer si ce fait d'armes tient de la vérité ou de la légende. Toujours est-il que les auteurs antiques s'accordent tous pour dire qu'Aurélien disposait d'une taille élevée et d'une constitution robuste, qu'il entretenait chaque jour en pratiquant le javelot et le tir à l'arc. C'est cette force virile et cette vaillance au combat que vient camper cet antoninien de l'atelier de Milan au moment où le nouvel empereur se bat dans le nord de l'Italie pour repousser la menace barbare.

samedi 29 janvier 2011

Aurélien, vainqueur de Palmyre et maître de l'orient

Description de la monnaie :
Antoninien en billon de 24 mm pour 2,9 grs, avers : IMP C AVRELIANVS AVG, revers : ORIENS AVG, atelier de Cyzique (273/274), 8ème émission, 5ème officine

Après avoir rétabli une situation catastrophique sur le limes rhéno-danubien, Aurélien tourne ses ambitions vers l'orient, où la cité de Palmyre gouvernée par la reine Zénobie a décidé de faire sécession avec Rome. Au printemps 272 ap. JC, les légions romaines entrent en Syrie après avoir traversé l'Anatolie. En fin stratège, Aurélien défait d'abord un fort parti de cavaliers palmyréniens à Immae, près d'Antioche. Cette victoire entraîne la réaction de Zénobie qui, accompagnée de son général Zabdas, marche à la rencontre de l'empereur romain. La bataille décisive a lieu à Emèse au début de l'été. Aurélien y déploie toute sa science militaire pour faire triompher les armes romaines. Zénobie est capturée et Palmyre occupée. Rome n'en a pas pour autant terminé avec les velléités séditieuses d'un orient frondeur. L'hiver suivant, alors qu'Aurélien mène campagne contre les Carpes sur le Danube, Palmyre entre en révolte à l'initiative d'un certain Apsaeus. Furieux, Aurélien retourne à marche forcée en Syrie où, cette fois, il se montre implacable en livrant la ville de Palmyre à une exécution militaire. Ce sont sans doute ces deux campagnes, menées à quelques mois d'intervalle, que symbolisent les deux prisonniers représentés au pied du dieu Sol au revers de cette monnaie de l'atelier de Cyzique. Porté par les faveurs du Soleil, l'empereur Aurélien est définitivement maître de l'orient.