Lucius Domitius Aurelianus, quelques repères biographiques

- 5 septembre 214 : Naissance près de Sirmium en Pannonie Inférieure
- De simple soldat, il monte les marches de la hiérarchie militaire jusqu'à devenir tribun de légion et préfet d'une aile de cavalerie sous le règne de Valérien Ier
- Septembre 268 : est nommé commandant de la cavalerie par l'empereur Claude II le Gothique
- Octobre 270 : acclamé empereur par les légions stationnées à Sirmium
- Début 271 : rétablit l'ordre en Italie du nord envahie par les Juthunges
- Mi 271 : mate la rébellion des monétaires à Rome
- Fin 271 : défait les Goths en Thrace
- Eté 272 : reprend Palmyre en orient et met fin au pouvoir de la reine Zénobie
- Début 273 : met fin à une ultime révolte de Palmyre avant de gagner l'Egypte où il fait abattre les murailles d'Alexandrie
- Printemps 274 : réduit la sécession gauloise en remportant la bataille de Châlons face aux forces de Tétricus
- Mi 274 : célèbre son triomphe à Rome avant de mettre en place la réforme monétaire qui voit la création de l'aurelianus
- Septembre 275 : est assassiné à Cnaenophurium près de Byzance alors qu'il s'apprête à lancer une campagne militaire contre la Perse

samedi 22 septembre 2012

Aurélien et la reconquête de la Gaule

Aurelianus en billon de 22 mm pour 3,5 grs, avers : IMP C AVRELIANVS AVG, revers : PACATOR ORBIS, atelier de Lyon (275), 4ème émission, 1ère officine (RIC 6)

Après avoir rétabli, non sans difficultés, l'ordre sur le front danubien puis avoir annihilé les prétentions sécessionnistes des Palmyréniens en Orient, Aurélien entame au printemps 274 ap. JC une ultime campagne militaire destinée à restaurer l'unité de l'empire romain. Depuis quatorze ans déjà, la Gaule vit séparée de Rome avec à sa tête des empereurs indigènes tels Postume ou Victorin dont la légitimité repose sur l'action de défense du limes du Rhin. Tétricus, qui leur a succédé, ne dispose pas du même prestige. D'origine sénatoriale, il gouverne depuis sa ville de Bordeaux et peine à maintenir l'ordre sur son territoire en proie à des tentatives d'usurpation comme celle de Domitianus. Il ne reste plus à Aurélien qu'à prendre pied au delà des Alpes pour y rétablir l'autorité de Rome. L'affrontement entre les deux armées a lieu à Châlons en Champagne et, après un simulacre de bataille, Tétricus rentre dans le rang et fait sa soumission au nouvel homme fort de l'empire. Ce dernier ne tarde pas à travailler à la réorganisation du territoire nouvellement conquis. Soucieux de rapprocher les centres de production monétaire du front de Rhétie et de Norique, il ferme les ateliers de Trêves et Cologne et rapatrie les ouvriers dans la ville de Lyon où sont ouvertes deux officines. Au sein de celles-ci, sont gravés des coins monétaires vantant les mérites d'un empereur considéré comme le "pacificateur du monde" et l'incarnation sur terre du dieu Sol.

dimanche 15 juillet 2012

Aurélien et la réouverture de l'atelier monétaire de Rome

Description de la monnaie :
Antoninien en billon de 22 mm pour 4,9 grs, avers : IMP AVRELIANVS AVG, revers :ORIENS AVG, atelier de Rome (273), 5ème émission, 2ème officine (Cohen 144)

Sous le règne de Claude II le Gothique, les ateliers monétaires de Rome produisent un numéraire dont la qualité tend rapidement à décliner. En l'absence de l'empereur dans la ville, les ouvriers détournent à leur profit le métal précieux, poursuivant néanmoins la production d'antoniniens de fort mauvais aloi. Il faut attendre l'année 271 ap. JC pour voir la situation reprise en main par le pouvoir central : Aurélien, revêtu de la pourpre depuis quelques mois, réagit violemment en noyant dans le sang un mouvement insurrectionnel fomenté par les responsables de la monnaie romaine. L'ordre une fois rétabli, on ferme alors d'autorité les portes des officines monétaires de la ville éternelle. Deux ans plus tard, après avoir vu son pouvoir renforcé par une première campagne victorieuse en orient contre Palmyre, Aurélien rouvre un centre de production monétaire à Rome. Dès lors, ce dernier oeuvre à la frappe de monnaies de bonne facture et d'un poids respectable comme tend à le prouver l'exemplaire ici présenté. Par ailleurs, la propagande impériale propose de célébrer les récents succès de l'empereur en faisant figurer au revers la figure de Sol invictus, au pied duquel repose la personnification de l'adversaire palmyrénien terrassé. Derrière ce symbole de la victoire d'Aurélien pointe déjà celle d'une réforme religieuse qui ne tardera pas à marquer durablement l'empire romain...

samedi 28 avril 2012

Quand l'orient reconnaît la souveraineté d'Aurélien

Description de la monnaie :
Antoninien en billon de 24 mm pour 3,9 grs, avers : IMP AVRELIANVS AVG, revers : RESTITVT ORIENTIS, atelier de Cyzique (272), 6ème émission, 1ère officine (RIC 351)

Après un début de règne marqué par des campagnes militaires difficiles pour dégager le nord de l'Italie menacé par des raids barbares, Aurélien entreprend à partir du printemps 272 ap. JC de redonner à l'empire romain son intégrité territoriale. Dédaignant la Gaule de l'usurpateur Tétricus, il porte ses efforts vers l'orient et le royaume de Palmyre qui vient de présenter Vabalathe comme candidat au pouvoir suprême. La réponse d'Aurélien est fulgurante : il prend pied en Asie mineure avec ses légions et emportent une à une les cités qui ont fait sécession comme Ancyre, Tyane et Antioche. Dans cette dernière ville, il étonne par la tempérance dont il fait preuve, lui dont les colères l’amènent souvent à faire preuve de crudelitas vis à vis de ces ennemis. En homme d'état avisé, il s'assure ainsi du soutien des élites locales pour la suite de la campagne. De fait, durant l'été, Palmyre, vaincue, doit faire sa soumission. Auréolé de sa victoire, Aurélien se fait figurer au dos de ses monnaies relevant l'orient personnifié, à genoux. La province reconquise porte sur la tête le modius, symbole d'une abondance retrouvée sous l'égide de son dieu tutélaire, Sérapis, et de son empereur, Aurélien, seul maître légitime du monde romain.

samedi 18 février 2012

A Serdica, la gravure d'un buste démesuré d'Aurélien


Description de la monnaie :
Antoninien en billon de 23 mm pour 3,8 grs, avers : IMP AVRELIANVS AVG, revers : IOVI CONSER, atelier de Serdica (273), 4ème émission, 1ère officine (RIC 260)

Après avoir définitivement vaincu les velléités indépendantistes de la cité orientale de Palmyre au cours de l'été 273, Aurélien amorce son retour en Europe. Il s'ouvre alors une route triomphale vers Rome, traversant bon nombre de cités grecques où il reçoit un accueil à la hauteur de ses succès militaires. A Serdica (actuelle Sofia en Bulgarie), sa venue est l'occasion d'une émission monétaire exceptionnelle qui débute probablement en décembre 273. Sur les monnaies gravées par les scalptores de l'atelier danubien, il est étrangement représenté avec des traits physiques hors normes : petite tête reposant sur un cou surdimensionné, relié lui-même à un corps très allongé. L'impression qui s'en dégage est surprenante et contribue à faire de l'empereur un homme transfiguré par l'essence divine. Aurélien n'est-il pas le protégé des dieux, et de Jupiter en particulier comme le rappelle le revers de cet antoninien ? Quelques mois plus tard, son triomphe célébré avec fastes dans les rues de Rome achèvera d'en faire aux yeux de la population l'incarnation d'un souverain à l'aura hors du commun.

dimanche 22 janvier 2012

Séverine, une impératrice garante de l'ordre militaire


Description de la monnaie :
Aurelianus en billon de 23 mm pour 3,5 grs, avers : SEVERINAE AVG, revers : CONCORDIAE MILITVM, atelier de Siscia (274-275), 9ème émission, 6ème officine (RIC 13)

A l'occasion du triomphe d'Aurélien à Rome à la fin de l'été de l'année 274 ap. JC, Ulpia Severina, épouse de l'empereur, fait son apparition dans le monnayage de billon et de bronze. D'ascendance noble (certains auteurs ont voulu voir en elle une fille de Philippe l'arabe), elle règne au côté d'Aurélien en femme de caractère. De fait, à l'opposé de celles qui l'ont précédée notamment Salonine épouse de l'empereur Gallien, ses monnaies ne renvoient pas aux modèles féminins traditionnels comme la pudeur ou la fécondité. Au revers des aureliani, Séverine ne se met pas non plus sous le patronage de Vesta. Bien au contraire, les émissions monétaires lui rendant hommage la montrent comme une souveraine garante de la concorde des armées, rappelant un thème récurent des espèces frappées à l’effigie d'Aurélien. Cette réputation flatteuse de maîtresse des légions, étroitement associée au pouvoir, trouvera écho un an plus tard, en septembre 275 ap. JC, après l'assassinat d'Aurélien. Fait unique dans l'histoire de Rome, Séverine, parée de son titre d'augusta, assurera pendant trois mois la régence d'un empire voué à devenir celui de Tacite puis de Probus.

lundi 26 décembre 2011

Une Victoire au caractère divin pour Aurélien



Description de la monnaie :
Antoninien en billon de 23 mm pour 3,5 grs, avers : IMP AVRELIANVS AVG, revers : VICTORIA AVG, atelier de Siscia (271-272), 5ème émission, 3ème officine (RIC 238)

A la fin de l'année 271 ap. JC, l'empereur Aurélien est en Thrace. Après avoir rétabli l'ordre sur le Danube en repoussant une énième attaque des Goths, il se prépare à entrer en campagne contre la reine Zénobie qui fait sécession avec Rome. Quelques mois plus tard, après un raid éclair à travers la Galatie et la Cilicie (Turquie actuelle), les légions romaines se rendent maîtresses de Palmyre. La reddition de la puissante cité du désert marque le ralliement de l'orient à Aurélien. La victoire de l'empereur est célébrée par l'atelier monétaire de Siscia qui fait figurer au dos de ses antoniniens la figure ailée de la divinité incarnant le succès des armes romaines. Néanmoins, elle prend, dans le cadre de la 5ème émission, un caractère original : elle n'est plus présentée de profil portant palme et lauriers mais de face tenant entre ses mains le stephané, diadème revêtu traditionnellement par les souverains orientaux. Restaurateur de la domination romaine, Aurélien, paré de ce succès militaire de prestige, peut désormais commencer à être élevé au rang du divin...

dimanche 6 novembre 2011

Quand Aurélien redonne vie au sesterce



Description de la monnaie :
Sesterce en bronze de 26 mm pour 8 grs, avers : IMP AVRELIANVS AVG, revers : CONCORDIA AVG, atelier de Rome (275), 11ème émission (RIC 80)

Monnaie emblématique de l'économie romaine, le sesterce connaît au cours du 3ème siècle un déclin progressif. L'Etat manque de ressources pour pouvoir poursuivre l'émission de cette espèce dont le poids théorique de 25 grs n'est plus guère respecté. Aussi voit-on les bronzes émis sous les Antonins continuer à circuler jusqu'à l'usure, pendant qu'un grand nombre d'entre eux sont refondus pour permettre la production de la monnaie fiduciaire, l'antoninien en billon. Devenues rares à partir du règne de Valérien Ier, les émissions de grands bronzes se poursuivent néanmoins, notamment en Gaule où l'usurpateur Postume tente de restaurer une certaine orthodoxie monétaire en favorisant la production du double-sesterce. Mais ces efforts sont vains. Le sesterce coûtant plus cher à la production que sa valeur d'échange, il est appelé à disparaître irrémédiablement. Cependant, dans le cadre de sa réforme monétaire de 274 ap. JC, Aurélien tente de lui redonner vie : des bronzes pesant à peine 10 grs sont produits dans l'atelier de Rome. Présentant au revers les figures de l'empereur et de son épouse Séverine, ce sesterce réduit proclame surtout la concorde régnant dans l'empire grâce au dieu Sol dont le buste vient également marquer le flan monétaire. Émis sous le patronage de la divinité solaire, le sesterce ne survivra cependant pas à la mort d'Aurélien quelques mois plus tard...